La zone industrielle des Epinglis se situe dans la commune de Bardonnex, au sud du Canton de Genève, en bordure de la frontière avec la France. D’une surface totale proche de 220’000 m2, elle regroupe 25 établissements qui représentent plus de 470 emplois.

ARGRAMAT BARDONNEX SA est un acteur historique incontournable de cette zone industrielle, dans laquelle elle possède encore environ 55’000 m² de terrain à développer.

Le canton de Genève entend quant à lui faire évoluer ses zones industrielles en écoParcs industriels à l’horizon 2030, selon un concept d’aménagement qui vise à étendre au secteur de l’industrie, l’application des principes de développement durable.

Soucieuse d’inscrire sa démarche dans cet objectif, ARGRAMAT BARDONNEX SA présente aujourd’hui, après trois années d’études approfondies, un projet abouti alliant création d’infrastructures industrielles de premier ordre à une revalorisation durable de ses parcelles. 

L’ampleur d’un tel projet implique un séquençage réfléchi des opérations, dont la première étape consiste en la démolition de la tuilerie de Bardonnex.

Les liens étroits entretenus par l’actionnaire d’ARGRAMAT BARDONNEX SA, soit la famille Morandi, non seulement avec le site des Epinglis, mais également avec la tuilerie et ses différents acteurs, imposent un bref rappel historique.

C’est à proximité d’un gisement d’argiles glaciaires découvert sur la commune de Bardonnex que la famille Barraud a construit, en 1946, la première tuilerie-briqueterie destinée à l’exploitation de ces ressources. C’est en 1953 que la famille Morandi a racheté cette usine pour permettre le développement en Suisse romande de sa société, Morandi Frères SA, spécialisée dans les tuiles et briques.

La famille Morandi exploitait en effet, depuis 1889, d’autres usines de tuilerie-briqueterie dans le canton de Vaud, à Corcelles-près-Payerne et Peyres-Possens. Parallèlement, l’entreprise Moret & Girod a entamé, dès 1960, l’exploitation de la gravière présente sous la couche d’argile du site de Bardonnex. Depuis 1996, cette activité a été reprise par la société BARDOGRAVES SA, dans laquelle la famille Morandi œuvre en étroite collaboration avec la famille Catellani.

En 1974, le site de Bardonnex a subi un incendie majeur qui détruisit la plus grande partie de l’usine. Sa reconstruction suivit immédiatement, permettant de maintenir l’exploitation et les 150 employés de l’époque.

Cet événement majeur a dynamisé le processus d’automatisation de l’usine qui, lié à une baisse des commandes, a annoncé le début d’une phase de réduction constante du nombre d’employés nécessaires à l’exploitation du site : d’une cinquantaine d’employés en 1995, le site n’en comptait plus qu’une vingtaine en 2018.

Dans l’intervalle, Monsieur Claude Morandi, représentant la quatrième génération à diriger l’entreprise Morandi Frères SA, s’est rapproché d’une autre exploitation familiale crée en 1918 à Rapperswil/BE par Monsieur Louis Gasser. Son idée consistait à étudier les possibilités de synergie pour pérenniser la production des produits issus de l’argile.

Ce rapprochement a abouti, en 2010, à la vente des usines et outils de production de Morandi Frères SA au groupe Gasser Ceramic. Cet acteur majeur de la tuilerie-briqueterie au niveau national a ainsi acquis le groupe Morandi avec les sites de Corcelles-près-Payerne, de Peyres-Possens ainsi que sa filiale, la Tuilerie de Bardonnex. Simultanément, la famille Morandi est restée propriétaire des terrains industriels du site de Bardonnex, par le biais d’ARGRAMAT BARDONNEX SA créée à cette occasion.

Afin de permettre à la Tuilerie de Bardonnex d’affronter les marchés toujours plus difficiles, Monsieur Claude Morandi a accordé des conditions cadres très favorables, soit la quasi-gratuité de la matière première, l’argile et d’autre part des infrastructures industrielles.

Après dix ans d’exploitation sous ce régime préférentiel, le constat fut sans appel. La production, sur cette même période, a encore diminué de moitié en raison de la baisse continue de la demande en tuiles ; à titre d’exemple, la fameuse tuile jaune de Bardonnex ne représentait qu’une semaine et demie de production sur l’année 2020. Cette exploitation en sous-régime a gravement affecté les chiffres de la Tuilerie de Bardonnex, qui a ainsi subi des périodes de chômage technique. En parallèle, cette exploitation réduite a diminué la fiabilité et la durée de vie d’un outil de production vétuste qui ne répondait par ailleurs plus aux normes de sécurité et de protection de l’environnement.

Les perspectives de rénovation de l’outil de production ont quant à elles mis en évidence des coûts et des risques tels qu’ils ont découragé le groupe Gasser Ceramic, acteur national majeur dans ce secteur, au point de stopper définitivement l’activité de la Tuilerie de Bardonnex à la fin de l’année 2020.

L’annonce de cet arrêt a alors déclenché une forte réaction syndicale et politique, immédiatement doublée d’une demande de classement du site initiée par l’association Patrimoine Suisse. En janvier 2021, une délégation de représentants de la CMNS (Commission des monuments, de la nature et des sites) et de l’IMAH (Service de l’inventaire des monuments d’arts et d’histoire) a visité la tuilerie. Cette procédure a abouti au constat que ni les bâtiments, ni l’outil de production n’avaient de valeur digne de protection. Le Conseil d’Etat a alors décrété, le 7 juillet 2021, l’abandon de la procédure de classement. 

Depuis cette date, Gasser Ceramic prépare le démontage des installations ainsi que la dépollution des bâtiments et des terrains utilisés, pour un départ qui s’est déroulé fin 2022. ARGRAMAT BARDONNEX SA va ainsi entamer la démolition des murs qui abritaient la tuilerie, dans le courant du premier trimestre 2023.

Depuis les années nonante, le site de Bardonnex bénéficie du nouveau tronçon autoroutier qui le relie désormais à l’ensemble du réseau autoroutier suisse et le place à quelques minutes de l’aéroport de Genève.

À la suite de la modification des zones du site par le canton de Genève, il se créée ensuite trois secteurs bien définis :

1. La zone industrielle et artisanale sur le plateau supérieur englobant l’actuelle tuilerie ;
2. La zone agricole sur la partie inférieure. Cette dernière accueille actuellement la gravière sur des surfaces qui sont destinées à être ensuite rendues à l’agriculture ;
3. La zone dite forêt qui se doit d’être préservée telle quelle.

Le plan directeur cantonal 2030 adopté par le Grand Conseil le 20 septembre 2013 et approuvé par le Conseil fédéral le 29 avril 2015 confirme notamment ces différentes affectations. Parallèlement, la Commune de Bardonnex se dote d’un plan directeur communal parfaitement convergent.

Il en résulte, entre 2016 et 2019, la construction de nouveaux bâtiments réalisés en particulier par la Commune de Bardonnex et les entreprises BARDOGRAVES SA, Comte SA, Piasio-HTP SA, De Gregorio Transports SA et Maury Transports SA. Conformément à la zone dans laquelle ils sont construits, ces bâtiments abritent des activités industrielles essentiellement liées, à ce jour, au domaine de la construction.

C’est dans la parfaite convergence de tous ces éléments que s’inscrit le projet d’ARGRAMAT BARDONNEX SA.

ARGRAMAT BARDONNEX SA souhaite développer et revaloriser les 55’000 m² de terrain qu’elle possède dans la zone industrielle des Epinglis en poursuivant des objectifs très élevés en matière de développement durable. Ce faisant, ARGRAMAT BARDONNEX SA juge indispensable de saisir cette opportunité pour procéder aux améliorations suivantes : dépollution complète du site, optimisation de l’approvisionnement énergétique, de la gestion des eaux, du trafic et des nuisances sonores tout en préservant le paysage local.

A très court terme, le démantèlement des bâtiments de la tuilerie s’effectuera en quatre phases successives distinctes :

1. Travaux de dépollution complets comprenant l’évacuation des matériaux contaminés en décharge spécifique ;
2. Démolition des bâtiments proprement dite ;
3. Concassage des bétons, briques et tuiles résultant de la démolition en une grave 0/32 mm qui sera stockée sur le site pour être réutilisée dans les futurs bâtiments
4. Remise à niveau du terrain pour permettre la mise en place des installations de chantier.

Mis au point par le bureau d’ingénieurs civil EDMS et le bureau Karakas & Français, géotechnicien et spécialiste pollution, ce processus permettra de limiter dans la plus grande mesure l’évacuation des déchets par camion, tout en récoltant environ 7’000 m³ de béton et béton armé, 4’000 m³ de briques et 1’000 m³ de tuiles qui, une fois concassés, seront réutilisés directement sur le site dans le cadre de la construction de futurs bâtiments à très haute performance énergétique.